LA COMPÉTITION
L’essence même de tous les sports, c’est la compétition. Mettre en opposition plusieurs personnes et voir lequel en sortira « le meilleur ». Dans le monde du CrossFit, le taux de pratiquants qui font des compétitions est infime. Mais j’ai pensé que ça serait quand même un sujet intéressant à développer, surtout au vu de l’impact qu’il a eu sur moi ces dernières années.
LA PEUR DE L’ÉCHEC
Personnellement, j’ai jamais été compétiteur, du moins dans le sport. Évidement, j’ai jamais aimé quand mon équipe de foot U13 prenait des volées le samedi, et j’ai adoré gagner des matchs et des tournois quand j’étais ado. Mais ça m’a jamais transcendé, perdre un match ne m’a jamais empêché de dormir le soir et j’ai jamais eu la haine de la défaite: je fais partie de ceux qui pensent que ça fait partie du sport, que pour tout gagnant il doit y avoir un perdant et que comme quand on a du mérite quand on gagne, on est aussi responsable quand on perd.
Donc, quand je suis arrivé à CrossFit Fréjus, les competitions, j’en avais littéralement rien à secouer. Et puis en 2019, on a organisé les WAATH Jeux à la salle, une petite compétition bon enfant, sans grand enjeux ni récompenses, mais quelque chose de sympa quand même où chaque équipe était contente de venir se confronter aux autres. Ça a été ma première expérience de compétition dans le CrossFit.
Ce week-end là, j’étais juge. Quand on juge une équipe, on dépasse souvent le rôle du simple compteur de rep, on se retrouve à hurler sur des gens, parfois qu’on ne connaît même pas, pour les encourager et les aider à traverser le WOD. Ça, ça m’a galvanisé. J’ai adoré cette ambiance et ce partage unique où chacun se félicite après le WOD qui a mis tout le floor à genoux. Il y a une atmosphère vraiment particulière, que je n’avais jamais connu auparavant. Ça m’a donné envie d’y participer alors quelques mois plus tard, je me suis inscrit en équipe à une petite compétition du même style, sans qualifications et dans une petite box pas loin de la nôtre.
Et quelle révélation ça a été. La veille, impossible de dormir, j’arrive sur le premier WOD à 8h complètement fracassé et surtout: tétanisé. Je me suis rendu compte que je n’avais absolument pas confiance en moi, en mon fitness et j’étais paralysé alors qu’il y avait absolument aucun enjeu. Tout le monde était là pour s’amuser, rien d’autre. J’ai passé une journée frustrante mais enrichissante et surtout qui m’a fait me rendre compte de quelque chose que je ne savais pas: la compétition est la forme de sport la plus révélatrice.
Elle retire tous les masques et met à jour tout ce qu’on ne sait pas sur nous même et surtout: tout ce qui nous fait défaut face à l’adversité. Je me suis rendu compte que je n’avais aucun contrôle sur le stress, qu’il me paralysait plutôt que me galvanisait, et que je perdais trop facilement mes moyens. Après réflexion je me suis surtout rendu compte que c’était parce que je n’avais pas confiance en mon CrossFit, que j’avais beaucoup de points faibles que j’espérais ne pas voir sur le tableau. Dans un sport où il faut savoir être bon partout, j’avais de trop grosses lacunes dans trop de domaines.
Voilà, 1 an et demi de CrossFit et j’ai plus appris en 1 journée dans une box à 30km de la mienne. La différence? La compétition, aussi minime soit-elle. Ça m’a motivé pour m’entraîner plus, plus fort, et mieux, en me disant qu’un jour je retournerais sur un floor de compétition et que j’aurais pas peur de rentrer dans l’arène.
C’EST QUI LE MEILLEUR?
Bon, après y a eu les années COVID et donc peu ou pas de compet et j’avais un peu laissé ça de côté.
Puis début 2024, 2 potes de la box viennent me demander si j’étais chaud de faire les qualifications aux Affiliate Battle, indéniablement dans le top 3 des compétions en France depuis quelques années. J’étais flatté d’une part, et surtout chaud bouillant pour y aller.
Là on parle plus d’une compet de région, les meilleurs athlètes de la France entière essayent de se qualifier pour ce genre d’événement tellement grand qu’il se passe même pas dans une box mais dans une immense salle qui accueille d’habitude des concerts avec des tribunes et une organisation à la seconde près orchestrée par des centaines de personnes.
On s’y qualifie, on y va, et quelle surprise: j’ai dormi comme un bébé la veille. Le peu de stress que je ressentais m’a plus galvanisé qu’autre chose parce qu’au moment de rentrer dans l’arène et de faire les WOD, je me suis surpris à être à un niveau auquel je m’étais jamais vu. J’ai pas fait de PR ni réussi un mouvement que j’avais jamais fait avant, mais j’ai réussi à gérer mes émotions et à les mettre au service de mon effort, à atteindre un niveau de concentration que j’avais jamais senti auparavant sur un floor, moi qui suis le spécialiste pour penser à la liste de courses ou au repas du soir entre 2 séries de pull-up. Mais pas là, pas sur ce floor là, pas dans cette arène là, pas avec cette ambiance là, pas avec ces mecs là. 100% sur chaque WOD, à mourir 8 fois.
Alors évidement c’est pas grandiose et on a passé le week-end à se faire rouler dessus tellement le niveau était haut (ou qu’on était nul, selon l’angle qu’on choisit de prendre), mais je me suis rendu compte que j’étais capable de beaucoup plus que ce que je fais d’habitude à la box et moi, à mon échelle, bah c’est beaucoup. Encore une fois: le pouvoir des compétitions. La première avait été révélatrice de choses très négatives, celle là a été révélatrice de choses très positives.
Ça a mis en lumière les axes de travail sur lesquels il faut passer plus de temps, forcément, et surtout ça m’a donné envie de retourner me bagarrer pour faire mieux.
En plus ça fait quelques mois qu’a Crossfit Fréjus, on a mis en place un nouveau cours le samedi matin: le cours compétiteur. Où tous ceux qui ont un peu cet esprit de compet et qui veulent en faire s’entrainent ensemble, ce qui aide à maintenir cette envie de se mesurer aux autres.
La compétition, quand on commence à y prendre goût, est un élément qui permet de se tirer vers le haut les uns les autres. Même à la box en cours du jour, quand on sait qu’on wod en même temps que d’autres qui sont à peu près du même niveau, on se tire la bourre et on veut se battre les uns les autres. Et c’est un environnement très sain qui tire tout le monde vers le haut.
Parce que si on se fait battre et qu’on veut devenir meilleur que le copain, faut d’abord être meilleur que ce qu’on est aujourd’hui. Et ça au final, c’est la compétition qui compte le plus.